Cela se passe en 1784 à Diarville (Lorraine, Meurthe et Moselle).
Un certain Drouot, en passe de prolonger son emploi de Maître d'Ecole (ou Régent d'Ecole) signe un "traîté" qui lui décrit par le menu ses futures fonctions.
Voici le contenu du contrat (le "traîté")
16 février 1784
traité avec Drouot,
régent d’école de la paroisse (Diarville)
Les habitants qui composent la communauté de Diarville assemblés en corps
au greffe à la manière ordinaire, ont, du grand consentement de Monsieur leur Curé
continué le nommé Dominique Drouot, leur maître d’école actuel pour leur servir en
cette même qualité de maître d’école au dit Diarville pendant une année ou plusieurs
autant qu’ils en seront contents, à commencer au vingt-trois avril prochain, aux
clauses et conditions anciennes qui suivent.
1. Que le dit Drouot sera obligé d’obéir et d’assister le dit Sieur Curé dans toutes ses fonctions pastorales, tant au dit Diarville qu’à Housséville.
2. De tenir régulièrement l’école en tous temps quand on lui envoyera des enfants.
3.
7. De porter l’eau bénite dans toutes les maisons du village les jours de dimanche autant que le temps le permettra.
8. D’avoir soin des cloches, de les graisser en temps et lieux et d’avertir s’il y manque quelque chose.
9. Enfin fera tout ce qu’il conviendra pour remplir avec honneur la qualité de bon maître d ‘école.
Et pour toutes les obligations ci-dessus aura le dit Dominique Drouot :
1. Outre le casuel1 fixe et non fixe en quoi il puisse consister, cinq paires de
résaux2 de grains moitié blé moitié avoine bon grain loyal et marchand mesure de Nancy à prendre sur la dîme3 du dit Diarville à la St Martin comme de coutume.
2 Une gerbe de blé et une gerbe d’orge de chaque laboureur, et une de blé
seulement des manœuvres qui mettent des grains aux champs, et six gros4 pour chacun des autres manœuvres tant au dit Diarville qu’à Housséville, pour sonner contre les nuées et gelées et si mieux n’aiment ceux de Housséville payer en argent les dites gerbes de gré à gré suivant l’ordre de Monseigneur
l’Intendant.
3 Et comme le dit Sieur Curé veut bien abandonner au dit Drouot ses droits d’eau bénite pour la rétribution de quelques obits5 dont la cure est chargée, le dit
Drouot sera tenu de fournir le sel nécessaire à la bénédiction de l’eau tous les
dimanches de l’année, lequel droit d’eau bénite est dû par chaque habitant
de Diarville à raison de dix sols6 chacun, ou si mieux n’aiment les dits
habitants donner un journal 7( ?)de blé comme d’ancienneté, sans cependant
que le dit Drouot puisse l’exiger.
4 Aura trente cinq francs pour l’huile de la lampe de l’église, en outre trente
neuf francs, le tout barrois8 pour la fourniture des pains pour les Messes et pour dire les prières, ce qui lui sera payé par le fabricien9 suivant l’ancien usage.
5 Aura de chaque enfant qui ira à l’école, cinq sols pour les abécédaires, sept sols et demi pour ceux qui liront et commenceront à écrire,huit sols et demi pour ceux qui écriront et apprendront l’orthographe, et dix sols pour ceux qui voudront apprendre le plain chant10 le tout barrois.
6 Jouira du pâquis11 en entier dont lui et ses anciens ont joui pour la conduite de l’horloge. Jouira pareillement de la maison d’école qui vient d’être bâtie à charge pour lui de l’entretenir de toutes réparations locatives.
7 Aura la liberté de mettre aux champs quelques hommées12 de chenevières13, pommes de terre et autres légumes, de même que d’avoir quelques bêtessur la pâture pour aider à l’entretien de sa famille.
8 Aura portion des affouages14 et autres émoluments communaux comme
un autre habitant, sans que pour toutes ces raisons et autres quelconques il puisse être compris dans les rôles de subvention et autres charges, servitudes ou impositions quelconques. Ce qui fait les conditions du présent traité lesquelles les dits habitants et Drouot ont promis respectivement faire jouir et faire valoir à peine et fait et payé au greffe du dit Diarville le treize février dix sept cent quatre-vingt quatre en foi de quoi ils ont signé après lecture faite.
C.Jeandel Maire Syndic
Cherpitel, lieutenant du Maire
Dominique Xelot
N. Colin
François Minoux
F.Jeandel
N.Trouillot
Joseph Géhin
J.F.Jeandel
Nicolas Grandidier
Simon Thiéry
Jean Noël
J.F.Jeandel
N.Antoine
D.Antoine
F.Bretoneiche
? Parmentier
Drouot
- casuel
nm Le casuel, le gain, le revenu casuel, par opposition à gain, revenu fixe. De quelque valeur que soient les cures tant en fonds qu'en casuel. [Bossuet, Lett. quiét. 84]-(le Littré en ligne).
2. un résal, des résaux mesure de Nancy
Pour les grains et matières sèches. |
hectolitres |
|
Nancy
|
Le resal de blé ou seigle mesuré ras |
1,172 |
— d’avoine mesuré.comble |
1,686 |
|
|
— d’orge... .id |
1,642 |
http://francois.munier.pagesperso-orange.fr/Lorraine/anciennesmesures.htm
3. la dîme
La dîme ou dime1 (du latin decima, dixième) est une redevance en nature ou en argent, portant principalement sur les revenus agricoles, instituée au Moyen Âge et destinée à rétribuer l'Église catholique. (Wikipedia)
4. un gros
voir8
5. obit
Messe célébrée par fondation pour un défunt à la date anniversaire de son décès
6. un sol = un sou
7. un journal (un jour)
Superficie cultivable correspondant à une journée de labourage. Dépend évidemment du terrain par sa situation, et la nature du sol.
8. un franc barrois
Le franc barrois est la monnaie de compte du duché de Lorraine. Il se décompose en 12 gros et en 192 deniers (à raison de 16 deniers par gros). Au XVIe siècle, il vaut environ 2/3 de livre tournois.
9. fabricien
nm (fa-bri-siin ou fa-bri-sié) Membre du conseil de fabrique d'une paroisse.
FABRICIEN, ENNE, (fa-bri-siin, siè-n'), adj. Qui est relatif aux fabriques des paroisses. L'administration fabricienne. Lett. du ministre de la justice et des cultes au préfet de la Gironde, du 27 avr. 1839](Littré en ligne)
10. plain-chant (écrit à tort plein chant dans l’original)
Chant grégorien en usage dans la liturgie catholique, utilisant des intervalles et une mélodie qui justifient l’épithète « plain » (plat).
11. pâquis
nm (pâ-kî) Terme de chasse. Lieu où le gibier vient paître. Elles [les bécasses] cherchent les terres molles, les pâquis humides à la rive du bois.... [Buffon, Oiseaux](Littré en ligne)
12. une hommée
|
Hectares |
ares |
Le jour de terre, de 250 verges carrées de Lorraine |
0,204 |
|
L’hommée, qui en était la 10ème partie |
|
2,043 |
http://francois.munier.pagesperso-orange.fr/Lorraine/anciennesmesures.htm
13. une chènevière (prononcé : « chenevière » en Lorraine)
Parcelle de terre consacrée à la culture du chanvre.
14. les affouages
Coupe de bois annuelle mise en partage entre les foyers du village, destinée à l’entretien des feux. (foyer, feu, affouage, même racine).